Article rédigé par Jean-Baptiste WIROTH
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PhD – Physiologie de l’exercice
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Fondateur de Executive-challenge
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En préambule, sachez que j’ai toujours fait du vélo et je n’ai jamais joué au golf.
Cela dit, j’entends ou lis de plus en plus fréquemment cette maxime « cycling is the new golf« , ou « le vélo est le nouveau golf » !
Pourquoi cette expression ? Qu’en est-il vraiment ?
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Dans un premier temps, il m’a semblé utile de comparer les deux sports sur le plan socio-économique (en France). Et il s’avère que l’avantage est clairement au vélo …avec des ventes de vélos qui ont explosé ces dernières années (en particulier avec le VAE), et un nombre de touristes très en faveur du vélo (335.000 touristes golfiques, contre 9 millions de touristes à vélo).
Sur le plan culturel, le vélo est devenu au fil des ans un sport de plus en plus haut de gamme, avec aujourd’hui des marques qui se positionnent sur le segment très convoité du Luxe. L.Caterton, propriété de Louis Vuitton qui rachète la marque de vélo Pinarello, en est le parfait symbole !
Sur le plan social, le vélo est passé d’un sport presque exclusivement dédié aux classes laborieuses, à un sport véritablement populaire (au sens propre), où cols blancs et cols bleus se retrouvent pour de belles parties de manivelles.
Sur le plan physiologique, la dépense énergétique pour 1h d’activité est très largement supérieure en vélo comparativement au golf. Ainsi 1h de golf génère une dépense énergétique de 250 à 400 calories (selon que l’on se déplace en voiturette ou à pied en portant ses clubs). A l’opposée, 1h de vélo en extérieur sur un mode sportif génère une dépense de 550 à plus de 1000 calories. Il donc aisé de comprendre que le vélo permet de « bruler » beaucoup plus de calorie et donc de mieux contrôler la prise de poids fréquente après 40 ans. Cela explique peut être aussi l’engouement actuel pour le vélo, sport porté que l’on peut pratiquer de manière assez intensive jusqu’à des âges avancés (voir l’article Continuer à performer après 60 ans).
Pour en savoir un peu plus, j’ai posé quelques questions à deux experts du Golf et aussi sportifs d’endurance : Yoann Bischoff qui est propriétaire d’un magasin (Golf Distribution dans les Alpes-Maritimes), et Benjamin Caternet qui est directeur d’un Golf (Golf Club Barbaroux dans le Var).
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Quelle vision avez-vous sur le marché du Golf actuellement en France ?
YB : Après l’essor des années 80, le golf a continué de se développer en France, on considère qu’il y a au maximum 1million de golfeurs en France (licenciés actifs+occasionnels+inactifs). Ce chiffre est en légère régression depuis quelques années. De nombreux autres sports accessibles à tout type de pratiquants sont apparus, le format de jeu très chronophage ne s’est pas renouvelé (c’est comme si on demandait à un cycliste de faire une étape du Tour de France à chaque sortie), et l’image de « sport de riche » qui colle toujours à ce sport (pourtant considéré comme accessible à tous dans les pays anglo-saxons).
BC : Le golf en France est un marché mature qui se cherche une nouvelle clientèle pour continuer à se développer. Si l’obstacle du coût financier n’est plus aujourd’hui (de nombreuses formules l’ont rendu accessible), il reste cependant celui du temps : en ménage, les nouvelles générations se répartissement les tâches et ils devient difficile de régulièrement pouvoir prendre une grosse demi-journée pour jouer une partie. Hors le golf est un sport très technique et il faut y consacrer du temps pour véritablement « s’éclater ». Les nouvelles tendances sont de le rendre moins chronophage, avec des partie plus courtes, au déjeuner ou le soir en sortant du travail et également une simplification des règles afin d’accélérer le jeu. C’est un challenge auquel travaille actuellement la fédération et les golfs.
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Constatez-vous des similitudes entre les pratiquant de golf et de vélo ?
YB : A mon sens, voici les 3 principales : La première qui me vient à l’esprit est extra-sportive, c’est la relation avec son matériel. Venant du golf j’ai retrouvé l’extrême technicité du matériel et l’importance de la machine et de son adaptation au sportif. Je vois beaucoup d’analyse posturale à vélo, c’est identique dans le golf. La seconde, c’est la solitude face à la difficulté. Sports individuels, dans le dur sur un col à 10% ou sur un parcours de golf, on ne peut plus se mentir. Enfin, c’est la nature et le voyage, pas vraiment des grands paysages sauvages, mais en tant que sports de plein air, les 2 sont dépaysants et praticables partout dans le monde
BC : De nombreuses similitudes existent entre le golf et le cyclisme : c’est l’alliance d’une performance physique à celle du matériel… mais dans lesquels le matériel n’apporte que si la condition physique ou l’entrainement sont bons.
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Selon vous, quels sont les avantages (physique, mental …) du vélo par rapport au golf, et vice versa
YB : Physiquement au golf on est sur un sport asymétrique, c’est presque un sport de lancer, cela demande de bonne capacités motrices avoir pratiqué beaucoup de différents sports (même a petit niveau) sera un plus. Aucune condition physique particulière n’est requise même si les meilleurs joueurs du monde sont évidemment des athlètes comme dans tous les sports. Mentalement, il faut arriver à se concentrer environ 1 mn pour chaque coup de golf (environ 90 coups dans une partie de 5heures) on ne s’en rend pas compte mais cela puise beaucoup d’énergie. Le cyclisme me semble moins technique au niveau moteur, mais nécessite une condition physique préalable. Mentalement sur le vélo (comme au golf) quand tout va bien, on ne voit pas passer le temps, par contre dans le dur, il faut savoir se faire mal, et ce n’est pas pas quelque chose que l’on retrouve au golf.
BC : Le golf est un sport très complet et extrêmement prenant où la notion de score est plus importante que la notion de performance. En vélo : on peut décider de se balader en vélo, en golf c’est beaucoup plus difficile. La base du golf est la compétition : 95% des golfeurs en font. Un des aspects très sous-estimé par les golfeurs, surtout amateurs, est qu’une bonne condition physique est très importante : les parties sont longues et la fatigue est de suite sanctionnée par le score. Beaucoup de joueurs s’effondrent au bout de 2 à 3 heures. Le golf est aussi très cadré : on a 18 trous, avec un nombre de coups à respecter, des règles etc… Le vélo est beaucoup plus libre et c’est le cycliste qui va se faire ses propres règles : quelle vitesse ? quelle distance ? quel dénivelé ? Il devient alors plus facile de raccourcir un parcours, de rouler moins vite que prévu si la motivation n’est pas là. En vélo, comme pour la course à pieds l’autre avantage réside par la proximité… on peut en général partir de chez soi ou aller dans un parc à proximité. On peut également véritablement découvrir des régions… j’ai moi-même découvert la mienne depuis que je fais du vélo, alors que j’y suis né. Tout cela n’est valable que lorsque l’on reste dans le monde des amateurs bien sûr.
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Avez-vous des clients golfeurs qui sont devenus cyclistes ces dernières années ?
YB : Oui, j’ai un couple de clients qui s’est mis au vélo, le Mr a fait le Marathon des Dolomites en Italie puis l’Etape du Tour; son épouse le suivait en velo électrique à l’entrainement et est passée au velo normal récemment.
BC : Je ne sais pas si de nombreux golfeurs sont devenus cyclistes ces dernières années, mais je connais de nombreuses personnes qui pratiquent les deux. Il est plutôt sympa de retrouver cette passion pour le matériel, les dernières évolutions, les matériaux tels que le carbone dans les deux disciplines… et aussi les histoires de scores ou de vitesses incroyables….
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Sur le plan social (rencontres, networking), vaut-il mieux faire du vélo ou du golf ?
YB : Je pense que les 2 sont intéressants, on passe un long moment avec les autres, on peut discuter, il est assez facile mélanger les niveaux des pratiquants. Le velo touche plus de monde, mais le côté loisir du golf l’emporte à mon sens pour le business
BC : Sur le plan social le vélo et le golf sont assez équivalent…on se regroupe souvent au début par niveau, puis ensuite par affinité. Le lien social des activités sportives est aujourd’hui primordial dans nos sociétés où les gens ont plus de difficultés à se rencontrer. L’image du golf « rencontre business » est aujourd’hui complètement dépassée et nous nous trouvons plus dans le schéma d’un véritable sport. Le vélo, à la base, est plus un véritable sport, mais qui est devenu aujourd’hui un moyen de rencontrer des gens, de tisser des liens. Egalité.
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On entend souvent dire « le vélo est le nouveau golf »… qu’en pensez-vous ?
YB : Je ne suis pas un cycliste assez expérimenté, mais je ne l’ai pas encore entendu dans le golf et je ne pense pas que ce soit vrai. Par essence, le velo est profondément universel, il invite au voyage, c’est un sport assez simple. Je souhaite que le golf soit le nouveau cyclisme !
BC : Certains sports suscitent un engouement, un effet de mode, comme le tennis ou le golf par le passé, avant d’atteindre une certaine maturité en devenant plus populaire. Pour moi le vélo est un sport assez ancien qui l’a toujours été. Mais les choses changent : aujourd’hui de plus en plus de personnes se mettent à des sports d’endurance comme la course à pied ou le vélo, d’abord pour prendre soins de leur santé, de leur ligne, mais aussi pour faire partie d’un groupe… et là le vélo rejoint complètement le golf. Ces deux sports sont partis de deux points opposés, un très élitiste, l’autre populaire, pour finalement se rejoindre, et être très proche aujourd’hui.
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Ma conclusion
Effectivement, le cyclisme attire aujourd’hui un public qui ne faisait pas de vélo, mais plutôt du golf, du tennis ou du ski. Parmi eux, cadres et entrepreneurs sont ravis de se retrouver à vélo pour des « social rides » plus ou moins sportifs qui permettent de vivre des aventures cyclistes, de découvrir de nouvelles régions et de jauger sa forme tout en entretenant des relations en dehors du cadre strictement professionnel. En ce sens, la dynamique du vélo présente des similitudes avec le golf d’il ya une vingtaine d’années…
Le vélo de part la multiplicité des formes de pratique est un sport ou plutôt une activité physique qui va bien au dela du cadre un peu fermé d’un Golf Club ! En effet, même si le dénominateur commun est le vélo, peut-on comparer la pratique de l’ultra-cyclisme avec le vélotaf ? Peut-on comparer le VTT enduro avec le vélo de route ? La réponse est non… Et, on peut être cadre dirigeant d’une grande entreprise et avoir différents types de pratique cycliste … ce qui n’est pas vraiment le cas du golf.
Plus de 200 ans après son invention le vélo est juste en train de se réinventer et d’investir toutes les couches de la population et tous les secteurs. Et en ce début de 3ème millénaire, le vélo porte en lui de nombreux atout pour faire face aux défi à venir à commencer par le réchauffement climatique et la sédentarisation croissante des population.
N’oublions pas que le vélo est tout simplement l’une des plus belles inventions humaines !
Cela dit, vélo et golf sont très complémentaires et il n’est pas interdit de pédaler le samedi et de jouer au golf le dimanche !
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NB : nous organisons depuis 2014 un challenge unique entre Monaco et le Mont Ventoux. De challenge est principalement destiné à un public de cadres dirigeants et d’entrepreneurs au sens très large du terme. Les 3 étapes permettent aux participants de vivre une formidable aventure sportive tout en multipliant les rencontres sur le vélo mais aussi le soir à table !
Plus d’informations sur www.executive-challenge.com
Sources externes
- Le Monde du 27/9/2018 sur le marché du golf
- L’étude de l’Union Sport et Cycles sur le marché du cycle en 2017
- L’article de la Direction Générale des Entreprises sur le tourisme à vélo